Le Bangala - ancien cercle catholique - a été construit en 1914 en lieu et place d’un lavoir à Wintzenheim. Retour sur les quatre-vingt-dix ans d’existence de ce local qui a été principalement utilisé par des gymnastes, mais aussi par des associations dédiées au théâtre, au chant et à la musique.
Le Bangala devenu Foyer club des jeunes à Wintzenheim. À l’arrière, les locaux de l’ancien dojo. (Photothèque Société d’Histoire de Wintzenheim)
Au 111, rue Clemenceau à Wintzenheim, les engins de démolition ont fini leur travail, il reste un trou béant qui deviendra bientôt un bâtiment d’habitation, à l’endroit de l’ancien cercle catholique, le Bangala, devenu Foyer club des jeunes, puis en dernier lieu le dojo. Le local initial a été construit en 1914, à la place d’un ancien lavoir devenu obsolète. Le terrain a été cédé par la commune au conseil de Fabrique qui a acheté, en 1926, les parcelles attenantes. Il abritait principalement la société de gymnastique Constantia, fondée en 1913 par l’abbé Joseph Meyer. Comme d’autres lieux du même style en Alsace, le sobriquet « Bangala » faisait référence aux bâtons (Bangel) que les gymnastes utilisaient pour leurs exercices, d’où le diminutif « Bangala ». La société Constantia était dynamique et comptait de nombreux membres. Ces derniers ont érigé un kiosque à l’extérieur, afin d’y organiser des concerts en plein air pour la clique.
En 1924, une grande manifestation a rassemblé les gymnastes de l’Avant-Garde du Rhin (AGR), Fédération des sociétés gymniques et sportives catholiques d’Alsace. L’exercice d’ensemble couvrait tous le terrain, occupé actuellement par les scouts et les cours de tennis. À l’arrière-plan, le kiosque et la salle du Bangala. (Photothèque Société d’Histoire de Wintzenheim)
Outre la gymnastique, pour les garçons et pour les filles, les lieux servaient également à d’autres associations d’obédience catholique telles le théâtre, l’Union Notre-Dame du bon secours pour les jeunes filles ou encore le groupe Saint-Vincent-de-Paul. Marcel Kling , gymnaste, se souvient de la construction de la partie arrière du complexe par l’entreprise Lucchina de Wintzenheim, financée après 1945 par les dommages de guerre. Cette construction, devenue ultérieurement le dojo, était adaptée à la pratique de la gymnastique, avec la création d’une fosse pour les agrès, la salle initiale en étant dépourvue. Après la Seconde Guerre mondiale, des membres de la Constantia ont participé à la fondation de la société de gymnastique et de musique La Vaillante. L’activité gymnique cessa progressivement, laissant uniquement la place à la fanfare, à laquelle s’était adjoint un groupe de majorettes dénommées Les Martials.
Le local était doté d’une scène pour le théâtre, le chant et la musique, et d’une salle de réunion à l’étage, inaugurée en 2004 sous la dénomination salle Andrès, en remerciement d’un legs de Mlle Andrès à la paroisse. Jean-Louis Meyer a été le témoin de l’utilisation de cette salle en 1969, pour héberger les premières classes de perfectionnement de l’école. L’endroit a aussi été investi par la jeunesse locale à la fin des années 1960 pour des rencontres festives au goût de l’époque, et de nouvelles activités. Il changea de dénomination pour devenir le Foyer club des jeunes, « avec Raymond Freudenreich puis Joseph Batto », se souvient Jean-Louis Meyer, qui y a passé une partie de sa jeunesse.
En 1948 a été créé le club de basket, évoluant en championnat AGR, avec un terrain à l’extérieur à l’initiative de l’abbé Blondeau. Dans les années 1960, Denis Arndt, membre de l’équipe de basket, se souvient que, pour déneiger le terrain en hiver, les jeunes utilisaient des bancs transformés en chasse-neige, tantôt poussés, tantôt tirés par la Simca 1000 de Paul Schmidt, avec un lest de deux joueurs, pour plus d’efficacité. La partie avant du Bangala a été repeinte à l’époque de l’abbé Stutz, qui y avait lancé un ciné-club et une section tennis de table. Claude Kling se rappelle qu’avant d’aller sur la Durance pour un camp scout, aux alentours des années 1968, les jeunes y avaient fabriqué des canoés en résine et en fibre de verre, sur des plans fournis pas le club nautique de Horbourg. Marcel Kling, Denis Arndt et Jean-Louis Meyer gardent un excellent souvenir du bar du sous-sol, pompeusement appelé le Restaurant des poètes, garni de lambris, avec une table massive. Un lieu où les jeunes se retrouvaient après les entraînements et pour des agapes, en écoutant de la musique. Au fil des ans, les locaux se sont dégradés : problèmes d’étanchéité des toitures, douches, sanitaires, et salles de réunion plus du tout aux normes, chauffage défectueux, installation électrique dangereuse, etc. Un projet de rénovation globale monté par Claude Kling, responsable des scouts, a échoué faute de subventions suffisantes.
En 1984, les lieux ont été cédés à la commune sous condition de mettre à disposition un local à l’usage de l’association d’entraide sociale de la paroisse de Wintzenheim. Puis trop vétuste, le bâtiment initial à l’avant a été rasé, ainsi que le kiosque à l’arrière. Ne restait plus que le dojo, lieu où l’on pratiquait pendant de nombreuses années les arts martiaux, investi par le Judo Club et le Karaté ainsi que par la Gymnastique volontaire. Toutes ces activités sportives ont été transférées dans le nouveau pôle sportif de 600 m2, inauguré en juin 2019, condamnant définitivement les anciens locaux.
Source : Jean Haeffelé, L'ALSACE du jeudi 9 janvier 2025
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